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AURA MANES

Un roman fantastique de Kadog

Assise sur un banc de pierre, la Mort se fait un solitaire.

Inutile de lui rappeler qu'elle a mieux à faire, se mettre au turbin par exemple. Sans blague, ce n'est pourtant pas le boulot qui manque ! Mais voilà, depuis plusieurs décennies déjà, sa motivation a tourné au lait caillé et elle s'en bat - comme qui dirait - les rotules.

 

Vivant en marge du tangible, rien ne lui échappe. Pourtant, elle ne prend pas le temps de regarder. Il faut dire que la curiosité n'a jamais été son fort. Elle côtoie l'humanité de près, mais comme de derrière un rideau. Et du peu qu'elle en a vu, elle n'aime pas la psychologie des hommes. Celle des hommes, celle des femmes, des marmots, des vieux clous... bref de personne. Elle même est pourtant née de leur fantaisie, il y a fort longtemps et son aspect n'a pas changé d'un poil depuis les vieux folklores européens. Ailleurs, le rôle de psychopompe revient aux Shinigami, à Anubis, aux Guédé... et de très nombreux autres qui sont censés être encore en activité.

PROLOGUE

Depuis des années, la Mort travaille en traînant des panards, ce qui a considérablement ralenti la cadence du rendement. Qu'importe, que vous vous dites, elle peut bien gratter en traînant des panards, ce n'est pas comme si les gens attendaient après Sa Majesté Macabre pour calancher ! La preuve, ils continuent de tomber comme des putains de dominos pendant qu'elle joue sa feignasse ! Et bien sachez, bande de râleurs nés, que la Mort est une faucheuse d'âmes et non de têtes. Son job, celui d'un passeur, consiste à les conduire dans l'Au-Delà. Sans cela, elles continuent d'errer près des corps morts et ce n'est jamais bon de trop les laisser vagabonder. La Mort n'est en aucun cas responsable des coups de pioche déviés de leur route, du cyanure dans la soupe, de la prolifération du choléra, ni même du cholestérol. Tout ça, c'est le fruit des hommes. Et des femmes aussi. La Mort a maintes fois pu constater que les femmes étaient très reconnues dans le domaine des naissances, mais pas que.

Non, il n'est guère bon de laisser traîner des âmes. On a tendance à sous-estimer ce dont elles sont capables une fois à poil. Elles ont beau perdre leur identité, certaines trouvent encore le moyen de garder mauvais caractère. Il arrive même qu'elles en viennent au cannibalisme. Les âmes dominantes ont une fâcheuse tendance à mastiquer tous leurs congénères à la ronde pour gagner en force. C'est comme ça que l'on voit naître des fantômes. Voilà pourquoi il vaut mieux les emmener dans l'Au-Delà. Là-bas, les spectres ne gênent personne.

Ce jour là, la Mort en avance s'était posée dans un coin pour attendre. Ce n'est pas parce qu'elle n'est pas responsable des coups de pioches, qu'elle ne les voit pas venir. Bref, c'était encore l'heure des visites, un peu avant le plateau du soir, lorsqu'une femme entra dans la chambre avec un gamin blond aux yeux d'un bleu profond. Une couleur pénétrante que la Faucheuse fixa de ses orbites vides en ayant le sentiment de s'enfoncer dans une mine de saphirs polis en pointe à même les parois rocailleuses de l'iris.

Le petit môme n'avait pas l'air impressionné par l'agonie de sa tante. Son attention insouciante était rivée sur ce qu'elle tenait dans ses mains, un chapelet de nacre. Avec patience, la mère lui expliqua que la croix pendant au bout de son collier de perles était un porte bonheur. Et que si l'on y croyait très fort, elle pouvait attirer l'attention de Dieu qui veillait sur nous, là-haut dans le ciel. Comme le gosse ne semblait pas convaincu par cette fable niaise, tantine se décida à lui montrer l'objet de près. On aurait dit qu'il n'attendait que ça pour l'arracher à ses doigts moites de mourante. Il échappa dans la foulée aux bras de sa génitrice et le lança par la fenêtre entrouverte, avec toute la force dont son anatomie de demi-portion juvénile était capable. Son geste eut l'effet d'un coup de club de golf dans le ciboulot de la pauvre tantine, qui vit sa dernière heure arrivée.

De son coin, la Mort ne put qu'en sourire. Elle savait évidement que la bonne femme n'aurait pas passé la nuit, avec ou sans bondieuserie.

 

Ce môme avait réussi à piquer sa curiosité, ce qui n'est pas peu de chose. Un geste fort venant d'un être aussi insignifiant à de quoi surprendre. Qu'avait-il bien pu se passer dans son petit crâne pour détonner de la sorte ? Peut-être détestait-il sa tante, ou peut-être avait-il simplement une dent contre les objets de dévotion. Toujours est-il que la Mort en vînt à se demander ce qu'il adviendrait de son office si ce gamin mal embouché en prenait la charge. Et l'idée lui plu.

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About

Début de l'histoire, résumé

Il y a environ vingt ans de cela, la mauvaise volonté dont la Mort faisait preuve pour se mettre au turbin atteignait son paroxysme. Méprisant les hommes, elle préférait s'adonner au détournement d'âmes pour s'ériger un domaine à elle, plutôt que de les fréquenter. Cela jusqu'à ce qu'elle ne trouve parmi eux un être des plus caractériel pour lui succéder.

 

Mon histoire commence avec Chank, originaire du Dakota, qui a le sommeil anormalement agité. Ses rêves sont garnis de forêts interminables, elles-même farcies de loups affamés. Tous les matins, il se réveille à côté de son lit, des feuilles mortes plein les cheveux, avec le sentiment d'avoir détalé pour sauver sa peau.

Son grand-père indien, un peu alcoolique sur les bords, l'interprète comme la manifestation d'un problème à résoudre. Une maladie ou un conflit dans son entourage. Quand le jeune sioux rouvre à nouveau les yeux dans les bois, il aperçoit un énorme oiseau laissant tomber une petite pelote de fumée. En l'approchant, la chose pénètre dans son crâne et le fait accidentellement invoquer cinq personnes qu'il a fréquentées plus tôt dans la journée, dont ses deux amis les plus proches : Mat et Julien. Chank les guide dans la forêt, mais se trouve subitement tiré hors du sommeil. Ainsi de retour à la réalité, il s'aperçoit que les autres en sont absents. Il lui faut alors les retrouver en retournant de son plein gré dans son rêve.

Testimonials

C'est au fin fond d'une crevasse brumeuse, dans une chapelle égarée, que la petite bande finit par se rassembler. Une colonie entière d'énormes oiseaux cadavériques y loge, ainsi qu'une impressionnante fontaine à l'effigie de la Faucheuse. L'eau du bassin ressemble étrangement à la fumée qui lui a traversé le crâne la veille. L'indien suppose donc que si cette substance fantomatique peut faire venir des gens dans ce monde, elle doit aussi pouvoir les aider à en partir. Tandis qu'ils s'y baignent, Mat s'avère beaucoup plus réceptif aux propriétés hors-normes de la mixture. La succession de La Mort se met en marche.

EXTRAIT PLANCHES

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